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C6 (1923 & 1992)

1922, interprétant judicieusement le règlement, Gabriel Voisin avait brillamment remporté l'épreuve de tourisme du Grand Prix de l'Automobile Club à Lyon.
Mais sa méthode n'avait visiblement pas été appréciée par les "autorités" et pour 1923 de nouvelles règles interdirent les voitures "profilées".

Se sentant directement visé par ces mesures, Voisin, après avoir vertement exprimé son opinion quant au dit règlement, annonce qu'il engagera sa marque dans l'épreuve de vitesse, plus libérale.

Il a à peine six mois pour élaborer une voiture compétitive et la chose n'est pas des plus aisée.

En effet, la marque ne dispose pas du moteur 2 litres imposé, il faudra donc composer avec les différents éléments disponibles pour arriver à la cylindrée requise, et un moteur sans soupape n'est pas idéal pour obtenir les chevaux nécessaires à ce genre de course.



Pour loger ce moteur, il demande à André Lefèbvre de lui dessiner une voiture légère et aérodynamique afin de pallier au manque de puissance.
Est-ce l'urgence de la création ou le défi à relever ?


Toujours est-il que le résultat est extraordinaire, qui peut imaginer en voyant la Laboratoire qu'elle a été conçue en 1923 ?

Première voiture à châssis, monocoque, elle est construite autour d'une structure en frêne, ses panneaux de carrosserie cloués sur le bois, elle a un profil en aile d'avion et un fond plat. Sa voie arrière de seulement 75cm, permet de supprimer le différentiel et de gagner du poids ( à noter qu'elle fut même réduite à 50cm lors des essais mais la voiture perdait sa stabilité en virage).

 

Le moteur 2 litres est, malgré la légèreté de l'ensemble, soumis à rude épreuve et pour en améliorer le refroidissement on lui ajoute un accélérateur de circulation d' eau, qui est actionné au delà de 50 km/h par le biais d'une hélice.
On remarque également un curieux volant permettant de dégager le champ de vision du pilote.

Mais cette débauche technologique ne permettra pas aux quatre Voisin engagées de briller en course, le manque de puissance est un handicap insurmontable face aux voitures adverses, Bugatti par exemple, engagé à Tours avec ces étranges Type 32.

De plus la fiabilité n'est pas au rendez-vous et c'est l'échec.
Une seule des voitures finira l'épreuve, pilotée par A. Lefèbvre à la cinquième place, terminant plus d'une heure après le premier.
Les Laboratoires ne seront plus vues en compétition, sauf à Monza la même année, et l'une d'elles ensuite, dans quelques courses de côtes équipée d'un 4 litres d'origine C5.

 


Le poste de pilotage avec son volant atypique

La N°9 de Rougier à l'arrêt sur la piste.
 
C'est en 1992, que la cinquième Laboratoire apparaît, construite pour la commémoration du Grand Prix de Tours, la voiture est exposée début 1993 à Rétromobile sur le stand annonçant l'évènement.

Son incroyable modernité surprend toujours, d'autant que lors de ce salon, on peut la comparer avec quelques unes des survivantes de l'épreuve, présentes elles aussi. Bien que très efficaces et puissantes, elles n'en n'ont pas moins un air affreusement banal.

Sur la piste de l'autodrome de Montlhéry.